C’est vraiment curieux. Le polémiste Pierre Falardeau est décédé le lendemain de la mort de Nelly Arcan. Du coup, l’attention médiatique s’est tout de suite portée sur le grand homme. On a vu la même chose quelques semaines plus tôt aux États-Unis lors du décès de Farrah Fawcett-Major, un évènement en soi mais complètement éclipsé par la mort de Michael Jackson survenue le lendemain. Mme Fawcett-Major était une icône autrement plus courageuse, sympathique et engagée socialement que le clown qui tirait sa révérence juste après elle, mais passons. La même chose se produit donc au Québec.
Notons au passage que Arcan et Falardeau ont travaillé en même temps pour le journal ICI qui se trouve à perdre, coup sur coup, ses deux plus importants collaborateurs.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais moi je trouve un peu dommage que le décès de Falardeau fasse ainsi de l’ombre au départ de la belle Nelly. Remarquez, c’est peut-être aussi bien ainsi. À date, je constate que le monde littéraire se voile la face plus qu’autre chose. Pour en revenir à Falardeau, si ce n’était pas du respect que je ressens face à la douleur de ses proches, je lui dirais de manger un char de marde, pas pour l’ensemble de son œuvre, inégale, mais pour le manque d’empathie qui faisait de lui le caractériel que l’on connait. Ce qui me met le feu plus que tout, c’est la grande messe médiatique qu’on célèbre autour de son personnage. Paix à ses cendres mais maudit qu’y était temps qu’y tire sa révérence celui-là. J’ai pas été soulagé de même depuis la mort de Pierre Bourgeault. Et je ne suis pas pas fédéraliste ! C’est juste que j’en ai plein le casque d’en voir se gratter le bobo supposément pour édifier les générations montantes. J’haguis les grandes gueules à cassette de ce genre là. Quand on continue à jeter sa gourme à soixante ans passés, c’est qu’on a un problème. En ce qui me concerne, il aurait pu s’arrêter après Le temps des bouffons, son oeuvre maitresse.
Pierre Falardeau, c’était un cas, le cas typique du gars qui s’est trouvé un créneau et qui l’exploite jusqu’à plus soif. S’il y en a un qui n’a pas essayé de se renouveler, c’est bien lui. Brasseur de marde, va… Des intellectuels tellement brillants qu’ils sont incapables de comprendre le rôle qu’on leur fait jouer. Désolant et minable. C’est de lui, l’arroseur arrosé. Allez, je lui repasse la parole, juste pour l’équité.
Je suis un homme d’un autre siècle. Je chauffe au bois. Je n’ai pas d’ordinateur. J’écris à la main, avec un crayon à mine ou une plume. En art, je crois à la simplicité. Je chasse à l’arc. Je me bats pour la liberté, la liberté sous toutes ses formes, la mienne, celle de mon peuple, celles de tous les peuples. Bref, je suis un primitif égaré.
Et me voilà maintenant sur Internet. Quelle contradiction ! Tout ça c’est la faute d’un jeune militant d’origine française, Christophe Waharte. Il aime mon travail, je crois et il m’a convaincu que ça valait la peine de rendre tout ça accessible. Pour lui, Internet est un outil de lutte, une façon de résister, une arme de combat. Alors, si ça peut servir… Allons-y !
Et comme disait un de mes vieux maîtres, Gilles Groulx, le grand cinéaste : « Si vous n’aimez pas ce que vous êtes en train de regarder, allez voir ailleurs ».
On va faire çà. Je lui donnerais bien du Salut, roulure ! ou quelque chose de même, comme l’invective qu’il a servi à Claude Ryan après sa mort. Mais ce n’est pas nécessaire.
Enough said.